Bref, nous sommes devenus des « apples pickers »

Bref, nous sommes devenus des « apples pickers »

L’un des jobs les plus prisés des backpackers en Australie c’est le  fruit picking, en français la cueillette de fruits.

Il a plusieurs raisons à cela :

  • c’est un travail qui ne demande pas d’avoir une maîtrise parfaite de l’anglais (à l’exception des pommes éventuellement, tu n’as pas à parler à grand monde),
  • c’est un travail payé au rendement, c’est à dire au nombre de bin ou de bucket que tu remplis, qui permet donc de gagner pas mal d’argent si tu es rapide (j’ai bien dit si tu es rapide),
  • c’est un travail qui permet de renouveler son visa : si tu occupes un poste dans une exploitation agricole, dans une région rurale pendant au moins 88 jours pendant ton premier visa, tu as un deuxième visa d’un an offert ! (la promo à l’australienne)

C’est pour l’ensemble de ces raisons que nous avons choisi de rechercher du travail en tant que pickers (cueilleurs pour ceux qui ne suivent pas). Après plusieurs appels infructueux, nous avons été orientés vers Battunga Orchards, une exploitation spécialisée dans la culture de pommes.

Après une brève formation de quelques heures (« on ne jette pas les pommes dans la bin, on évite de tomber de son échelle, de se faire rouler dessus par un tracteur et blablabla… »), nous voici enfin dans l’arène (enfin dans les rangées de pommiers) !

Le principe est finalement simple : tu ramasses les pommes, tu les mets dans ton sac et tu vides ton sac dans la bin. Quand ta bin est pleine, tu cries « tracteur » afin qu’un tracteur vienne la récupérer et t’en donnes une autre puis tu recommences jusqu’à 17h (où jusqu’à ce que tu n’en puisses plus, ce qui arrive bien souvent avant 17h).

Si on maîtrise la théorie vous allez voir qu’on ne peut pas en dire autant concernant la pratique…

 

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1ère difficulté : le concept du rouge

On fait du color picking de pommes galas, c’est à dire que la cueillette se fait en plusieurs passages et qu’il ne faut, à chaque fois, ramasser que les rouges.

Point très important : la perception de la couleur rouge varie en fonction de chaque individu, il y a donc le rouge de ton chef n°1, le rouge de ton chef n°2, le rouge de ton chef n°3 et le rouge que toi tu trouves rouge. Du coup, sur une même allée tu peux te faire engueuler par tes trois chefs pour trois raisons différentes :

  • ta bin est trop verte (comprenez ici « tu as ramassé des pommes qui ne sont pas encore mûres »),
  • il reste encore trop de rouge après ton passage (c’est à dire que tu as oublié des pommes mûres dans les arbres),
  • ou encore le combo de ta supérieure vietnamienne à savoir : « good to pick ! » (« à ramasser ») et « no, no, too green » (« trop vert », pas assez mûr) dans la même phrase !

Pour satisfaire des gens qui ne sont pas d’accord sur un même point, c’est coton !

 

2ème difficulté : la vitesse

Quand tu fais du fruit picking pour la première fois, il ne faut pas se mentir, tu es forcément lent. Tu regardes chaque pomme pendant 2 minutes avant de savoir s’il faut la prendre (dans ta tête c’est le bordel l’affrontement entre le « good to pick » et le « too green »), tu mets trois plombes à caler ton échelle (puis tu montes tout en haut avant de te rendre compte qu’il te manque 10 centimètres pour attraper la pomme), tu attrapes les pommes une par une et avec une main (ton cerveau ne s’est pas encore décidé à faire fonctionner les deux en même temps) et pourtant tu as l’impression de donner tout ce que tu as.

Puis les jours passent et tu finis par gagner en vitesse et en assurance : tu manies ton échelle comme un as, tu commences à ramasser deux pommes dans chaque main (tu découvres enfin l’utilité de ta main gauche) et tu sélectionnes les pommes en fonction du chef qui te regarde faire.

Tout va donc pour le mieux jusqu’à ce que tu observes les pickers vietnamiens dans la rangée d’à coté : tu ne vois même pas leurs mains tellement ils sont rapides, ils arrivent à dépouiller leurs arbres en 5 secondes chrono et font 8 bins par personne en finissant à 15h quand toi tu peines à en faire 6, à deux, et en finissant à 17h !

 

3ème difficulté : les conditions climatiques

Pendant notre première semaine de picking, nous avons dû affronter la chaleur : au fur et à mesure des jours, les températures ont grimpé, atteignant les 37°C à l’ombre. Pour être honnête, c’est un peu l’enfer : tu dois boire 1 litre d’eau toutes les 20 minutes (que tu transpires dans les 10 minutes suivantes), tu portes un jean et un tee-shirt mais tu as l’impression de porter une combinaison de ski, malgré la crème solaire, tu prends des coups de soleil qui vont te faire souffrir pendant tes quelques heures de repos le soir et malgré tes efforts, la chaleur finit inexorablement par te faire ralentir.

Forcément, quand au bout de quelques jours très chauds, la pluie est arrivée, c’était un peu Noël et nos anniversaires en même temps : l’air plus frais te fait augmenter ta cadence, ton jean devient supportable et si tu as soif, t’as juste à ouvrir la bouche (ben oui, gain de temps = productivité !).

La pluie c’est donc plutôt pas mal sauf quand il pleut toute la journée, qu’il fait moins de 20°C et qu’il y a du vent. Là tout se complique : tu es trempé de la tête aux pieds en moins de 3 minutes (d’ailleurs c’est Titanic dans tes baskets), tes mains restent humides pendant tes 10h de boulot (elles finissent plus fripées que la tête d’un sharpey) et tu laisses des morceaux de ton poncho de pluie (acheté 3 dollars dans la Foire Fouille du coin) un peu partout dans les branches. Après une journée comme ça, je peux vous dire que le cumulus des douches du camping ne fait pas long feu !

Après 2 semaines et demi d’enfer de travail, le bilan est plutôt mitigé : on ne vous dit même pas combien on fait de bin par jour, ni combien on a gagné depuis le début, sinon vous auriez trop pitié (petit indice : ramené au taux horaire on n’atteint pas toujours les 10 dollars) !

Par contre ce qu’on a gagné, ce sont des rencontres formidables, des copains de galère et de super bons moments après le boulot !

 



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